Droits humains en Iran (28 février 2018)

Source: Huffington Post
Auteurs: Mariano Beltrán and Sara Saei
Le 28 février 2018 
Traduction: Sandrine Blanvillin (Publication originale en Espagnol le 12 janvier 2017)

 

La peine de mort en Iran, une vérité insupportable

Selon une déclaration d’Amnistie internationale en date du 11 avril 2017, le nombre d’exécutions en 2016 a diminué au plan mondial de plus d’un tiers, en comparaison à l’année dernière : il y a eu 1032 exécutions dans 23 pays en 2016, tandis qu’il y en avait eu 1634 dans 25 pays en 2015. Pourtant, bien qu’Amnistie internationale ait accueilli avec joie cette baisse de 37%  sur deux ans, l’organisation tient à signaler que les chiffres restent historiquement élevés, et qu’en 2016, 3117 personnes ont été condamnées à la peine de mort, le nombre le plus élevé de condamnations à mort jamais enregistré en une seule année par l’organisation. Précisons que les chiffres exacts pour l’année 2017 ne sont pas encore connus.

Selon le rapport annuel 2016 d’Amnistie internationale sur la peine de mort, pas moins de 567 personnes ont été exécutées en Iran, dont au moins huit femmes. La majeure partie de ces exécutions, dont au moins 328, avaient pour motif des délits mineurs liés à la drogue ; d’autres exécutions avaient pour motif des assassinats ou des délits à la validité douteuse comme « Hostilité envers Dieu ». Les relations homosexuelles et l’adultère sont toujours punis par la peine de mort. Mais les sentences de peine de mort rendues par l’Iran ne se limitent pas aux offenses citées ci-dessus.

Selon le rapport annuel 2016 d’Amnistie internationale sur la peine de mort, pas moins de 567 personnes ont été exécutées en Iran, dont au moins huit femmes.

Le droit à la liberté doit être considéré comme un objectif essentiel à atteindre dans le monde entier en ce 21e siècle. Nous ne pouvons pas céder devant les idéologies qui briment la pensée libre, ni devant les hommes qui, sous le joug du pouvoir absolu, prétendent faire d’hommes libres des esclaves.  Il est temps que nous prenions tous conscience de la nécessité de revendiquer les droits civiles et politiques ; il est temps de nous mettre au travail comme société, comme communauté, pour construire un monde plus décent.

Le droit à la vie est l’un de ces droits fondamentaux qui dans certaines régions du monde et pour quelques personnes, reste honteusement secondaire. L’Iran et son président Hassan Rouhani, assassinent des innocents malgré les avertissements répétés des Nations Unies et des ONG. Le monde, dans son état actuel, a besoin de plus de voix qui défendent les droits de l’homme contre des gens qui les pervertissent et les vident de leur sens. Le droit à la vie n’est pas négociable, il ne s’agit pas d’une monnaie d’échange, ce n’est en aucun cas quelque chose que l’on peut négocier. C’’est un droit inhérent à tout être humain, et protéger ce droit confère la dignité au dirigeant qui s’en fait le garant.

Toute autre chose, tout éloignement de cette position en revient simplement à parier sur un retour à une époque primitive et dire adieu à la société.

En Europe et aux Etats-Unis d’Amérique, il est inconcevable que le simple fait de partager des idées spirituelles ou des visions du monde puissent conduire à une peine d’isolement durant sept longues années et à être finalement condamné pas une fois, mais deux fois à la peine de mort. Pourtant, que vous le croyez ou non, c’est exactement ce qui est arrivé au prisonnier d’opinion Mohammad Ali Taheri.

En Iran, les membres des minorités religieuses, incluant les bahaïs, les soufis, les yârasan (Ahl-e Haq), les chrétiens convertis et les musulmans sunnites, peuvent être condamnés à mort, simplement pour pratiquer leur foi.

Dans l’optique de mettre une pression internationale sur l’Iran afin de sauver la vie du prisonnier d’opinion Mohammad Ali Taheri, des activistes des droits humains et des étudiants ont contacté divers journalistes iraniens et des chaînes de télévision à l’extérieur de l’Iran pour leur demander une couverture médiatique. Ils ont également contacté les ministères des Relations extérieures des Etats-Unis et de l’Allemagne ; les Nations Unies ; des organisations des droits de l’homme telles qu’Amnistie internationale et Human Rights Watch ; des figures publiques iraniennes et également étrangères, des figures politiques comme le député allemand Omid Nouripour, ou Ali Ehsasi (député canadien) qui prononça un discours public lors d’une manifestation contre la peine de mort ; ainsi diverses personnes d’une certaine renommée se sont prononcées contre l’injustice et la sentence moyenâgeuse qu’est la peine de mort, imposées à Taheri. Taheri a aussi protesté en menant douze grèves de la faim, dont l’une d’elle dura 72 jours au total.

Mais il existe des drames au-delà des cas les plus médiatiques. En Iran, les membres des minorités religieuses, incluant les bahaïs, les soufis, les yârasan (Ahl-e Haq), les chrétiens convertis et les musulmans sunnites, peuvent être condamnés à mort, simplement pour pratiquer leur foi. Ils se heurtent également à la discrimination face à la loi, et dans la vie courante, incluant l’éducation, l’emploi et le droit à l’héritage, ils sont constamment persécutés.

En réalité, trois autres prisonniers, Sina Dehghan, Mohammad Nouri y Marjan Davari ont été condamnés à la peine de mort par des tribunaux iraniens seulement pour avoir exprimé des opinions et des croyances.

Marjan Davari a été arrêté le 24 septembre 2015 pour des agents du ministère du Renseignement pour avoir donné un cours et traduit un livre sur « Eckankar » (une doctrine spirituelle). Il a été condamné à mort à la fin du mois de janvier 2017, accusé entre autres d’avoir « propagé la corruption sur la terre », et de collusion contre le régime en place. Sina Dehghan et Mohammad Nouri ont également été condamnés à mort pour leurs commentaires contre l’Islam sur les réseaux sociaux.

Nous disons au monde que nous avons décidé de vivre sans avoir peur, malgré les menaces, les emprisonnements, les baillons et la terreur.

Il est important de montrer notre soutien aux prisonniers d’opinion iraniens et de partout dans le monde pour qu’ils sachent que nous ne les oublions pas ; et pour attirer l’attention sur les injustices qui se produisent, en Iran en l’occurrence. Être dans le couloir de la mort est une violation de leurs droits à la vie et à la liberté de culte, de religion et d’expression. (Vous pouvez signer cette pétition pour empêcher l’exécution de Marjan Davari).

Nous disons au monde que nous avons décidé de vivre sans avoir peur, malgré les menaces, les emprisonnements, les baillons et la terreur. Vivre sans peur est ce qui nous rend libres, et ce qui nous pousse à combattre l’horreur de la peine de mort dans le monde, l’horreur d’être prisonniers d’opinion et de cette incarcération honteuse. Nous demandons également une plus grande implication des citoyens, des medias, des organisations de défense des prisonniers d’opinion dans le monde, surtout dans ces pays où exprimer ce que l’on pense peut couter la vie. Qu’un jour arrive enfin où personne ne risquera un châtiment pour avoir dit ce qu’il pense ; mais jusqu’à ce que ce jour arrive, nous ne nous tairons pas et nous ne céderons pas non-plus au chantage de  la terreur ni à la tyrannie.